Perversité de l'amour
Une habile mythomanie
Depuis près
d’un siècle, le courant « new-age » nous annonce une grande
transformation à l’échelle de l’humanité grâce à l’énergie de l’amour.
Ce message est véhiculé par une habile mythomanie qui, aveuglée par son
imaginaire, est censée entrer en communication avec dieu, des anges, des
archanges, des maîtres ascensionnés, des êtres de lumières… De l’autre
coté, il y a les braves, ceux qui avalent sans la moindre grimace
l’infâme breuvage dogmatique de l’amour.
Il est vrai
que cette idée très rependue, abstraction faite des plans catastrophes,
est séduisante.
Des êtres de
lumière, des maîtres vivants, des thérapeutes mercantiles, nous parlent
de fraternité ou d’unité lorsque depuis la nuit des temps, et sur la
planète entière, les humains s’adonnent à des conflits sanglants. Le
souffle de l’amour toucherait tous les êtres humains qui, grâce à cette
douce étreinte divine, vont s’aimer et partout sur la terre règnera une
merveilleuse énergie d’harmonie.
Pour accéder
à cette ascension, il nous est souvent recommandé de vivre la compassion
et la non-violence, de pratiquer des activités spirituelles tels la
méditation, l’expansion de conscience, la prière, le travail sur les
chakras … de vivre cette unité dans nos cœurs. Bref, de pratiquer
l’illusion de l’amour.
Cette théorie
révèle une aberration de taille, car l’amour est un phantasme
fallacieux. Ceux qui disent vivre l’amour dans la profondeur de leur âme
ou de leur cœur ressentent, en réalité, une illusion, un concept. Leur
imaginaire les fait voyager dans des espaces merveilleux qu’ils se
dictent mentalement sur base de leurs croyances et de leurs espérances.
Dans la rencontre avec l’amour, l’état de bien-être est souvent présent,
car notre physiologie diffuse des hormones similaires à celles libérées
pour le sommeil ou après un effort. Cette diffusion hormonale trouve sa
source dans des parties de cerveau qui sont activées par la pensée comme
la libido, l’adrénaline… A ce moment, l’individu est bien en phase avec
son mental, car il se déconnecte de sa réalité. Il lui devient alors
possible d’entrer consciemment dans son rêve tout en s’imaginant vivre
un état second. C’est alors que l’amour apparait : « Je
peux maintenant regarder les autres avec béatitude, tout est harmonie et
splendeur ». Cet état imaginaire s’apparente à ce que la
spiritualité nomme la partie divine...
Pourquoi l’amour ou la vibration de l’unité sont-ils aussi inefficaces ?
En dehors de
l’état de grâce illusoire de l’amour, il ne se passe rien. L’humanité
n’est pas plus solidaire et les méditants continuent, consciemment ou
non, à alimenter leurs frustrations et leurs colères intérieures.
Loin de tous
les concepts spirituels d'amour ou d'unité, il existe un état d’être qui
ne connait plus le conflit (intérieur et extérieur). Pour mettre fin à
ce conflit, nul besoin de miracle, d’énergie, de maître, d’amour… Nous
avons juste à plonger individuellement notre regard dans nos croyances
et nos résistances qui entrainent la lutte. Seule cette compréhension
aboutit à la cessation de nos guerres personnelles et collectives.
Lorsqu’un
humain n’est plus en conflit avec lui-même, et par conséquent avec
l’extérieur, il fait partie intégrante du monde. Il ne fait plus la
moindre différence entre un être humain et un autre être humain, car il
est conscient que cette distinction est le nerf de la guerre.
Cet humain
est accompli. Il ne fantasme plus sur le concept de l’amour, car ce
concept a perdu son utilité.
13 décembre 2008