L'ostracisme spirituel
Censés communiquer avec des consciences prétendument évoluées
ou voguant dans les profondeurs illusoires d’une vérité humaine, des
channels et des maîtres nous parlent de changements planétaires qui,
dans la version la plus optimiste, passeraient par la destruction
d’un « ancien » monde de violence et d'obscurité pour s’ouvrir sur un
« nouveau » monde d’unité, de paix, d'harmonie et d’amour.
Les discours de l’ostracisme spirituel, qui sépare les
méritants des impies, n’ont pas encore réalisé que la destruction est
déjà présente dans nos sociétés. En effet, nos actions quotidiennes sont
entachées de convoitise. Ces mêmes actions sont la cause de la décadence
de l’humanité. Cela exclut donc l'intervention tant vantée d'entités
négatives, d'archanges déchus, voire d'extraterrestres aux intentions
manipulatoires. Dès lors, il devient médiocre et irresponsable
d’alimenter, par des prières, des chants et des méditations, la croyance
qu’une énergie cosmique ou une vibration d’amour puissent changer la
situation, car nos espoirs spirituels sont empreints de la convoitise
générale qui conduit à l'état de misère que nous connaissons. Qu'il
s'agisse d'avoir ou d'être, la convoitise mène au désastre, car elle
représente le rejet d'un état réel indésirable en faveur d'un état
irréel imaginé. Ce rejet de la réalité est le pilier fondateur de la
spiritualité.
Il n'est pas question ici de porter un jugement sur le
comportement humain car les êtres engagés dans la spiritualité sont en
quête d'espoir face à une situation humaine et mondiale catastrophique.
Néanmoins, derrière la promesse d’un hypothétique changement, la
spiritualité commet un crime contre l’humanité. En prônant des qualités
comme l’unité, l’éternité, l’amour, la compassion… la spiritualité nous
entraine inexorablement, chargés de notre souffrance initiale, dans le
piège du souhait et de l’attente de la paix intérieure et extérieure. Le
souhait et l’attente engendrent de nouveaux conflits et donc de
nouvelles souffrances, car nous prolongeons sens cesse le conflit entre
ce que nous vivons réellement et ce que nous aimerions vivre.
19 août 2009